mercredi 12 février 2014


XXII

P- Comment se déroule votre première semaine olympique?

E- Bien. Depuis qu’on a cessé le bullying médiatique de la Russie et qu’on s’est mis à jouer, c’est plutôt amusant.

Je m’étais préparé à faire un long sermon sur l’idéal olympique, que c’est pas juste les médailles… 
Que les olympiques c’est important… Pourquoi? 
Parce que.
Si tu habites dans un pays frett neuf mois par année, les Olympiques d’hiver c’est important, c’est tout.

Mais tout compte fait… Les médailles…
c’est l’fun!

P’is j’vous cacherai pas…. J’éprouve un plaisir coupable… de voir ( du moins jusqu’ici)
les Québécois remporter plus que leur part de succès.

Si j’ose en parler c’est que c’est des Canadiens-anglais qui nous l’ont d’abord fait remarquer. Sans ça j’aurais gardé ma joie chauvine juste pour moi.

P- Et puis certains se sont demandés pourquoi ça arrive.

E- Dans les catastrophes comme dans les exploits il y a toujours plus qu’une raison.

J’aimerais en mentionner une. Il y a dans le système d’éducation au Québec, des programmes de sport-étude, i.e  la possibilité pour un garçon, une fille de faire des études régulières tout en aménageant du temps et des installations pour parfaire un cheminement sportif.

Ce serait bien d’essayer ça ici dans les Prairies.

Je ne suis pas enclin à penser que la Saskatchewan va imiter le Québec.
Ne serait-ce que parce qu’en Saskatchewan
l’éducation doit être rentabilisée.

On va former ici ce que le marché corporatif demande, et présentement le marché veut des soudeurs et des plombiers. Too bad, c’est pas des disciplines olympiques.

P- Donc les olympiques t’ont procuré un peu de fierté patriotique.

E- Oui. Pour bien vivre les Olympiques, on devrait faire prêter serment aux fans comme on le fait pour les athlètes, les arbitres et les entraîneurs.

Je promets de pas être trop baveux quand j’vais gagner. Pas trop chiâleux quand je perds.

À moins que ce soit contre les Américains.

Dans mon top 10 des moments olympiques jusqu’ici; 
le but en échappée de Dagosta contre les Etats-Unis tantôt en match préliminaire..
Très grande satisfaction. Non seulement c’était un beau but pour une fille qui fête son anniversaire, mais en plus, la gardienne de but américaine était fâchée.

C’est tellement meilleur dans c’temps-là!

Et puis, un autre grand moment.
Quand Sean White a manqué sa descente en demi-lune hier soir.

Monsieur multi-millionaire – chu trop bon pour vous autres s’en venait gagner une troisième médaille d’or en trois jeux. Stéréotype de l’arrogance. Il avait boudé le slopestyle malgré s’être qualifié à la place d’un autre.

Soyons clair. J’connais absolument rien en surf des neiges. J’étais juste content que ce soit pas lui qui gagne.

P - Et voilà pour l’esprit olympique!

E – Mon moment héroïque par excellence s’est déroulé à la luge féminine.
Une participante ukrainienne en pleine descente perd sa luge mais réussit à se tenir par une main et rembarquer. Pensez-y! à 120 km hre dans un tunnel de glace avec un costume où on pourrait pas cacher un 10 cents. Faut le faire. Pour tous les moments où on passe proche se briser la margoulette sur des trottoirs mal entretenus.

P- Dans la catégorie esprit d’équipe le Canada s’est mérité un moment d’or ce matin.

E- Oui. Le patineur de vitesse longue piste Gilmore Junio a cédé sa place en finale du 1000  mètres à Denny Morrison, un coéquipier plus expérimenté auquel il était arrivé une malchance en qualifications ce qui a valu à l’équipe canadienne une médaille d’argent.

Un moment dont on va se rappeler longtemps.

Et je rappelle aussi l’épisode où un entraîneur canadien a volé au secours d’un fondeur russe qui avait brisé son ski.

P – Il lui a prêté un ski de secours pour compléter l’épreuve.

E – Ça c’est les olympiques à leur meilleur.
La camaraderie au-delà des frontières,
des partisaneries, au-delà des rivalités… p’is des Américains.

Mais je m’en voudrais de ne pas saluer la grande contribution norvégienne à ces Jeux d’hiver. En plus d’être au premier rang des nations en ce moment grâce à leur quasi monopole en ski de fond soulignons leur contribution à l’esthétique du curling.

Il y a parmi les diverses tenues de sport d’hiver une large place accordée aux costumes profilés,  aérodynamique oblige,
Dans ce costume tu n’auras point
de mauvaise pensée.

Le ski acrobatique et le surf des neiges arborent l’attitude exactement contraire.
Il faut avoir l’air d’un délinquant qui vient de voler un manteau trop grand pour lui.
Et on complète avec un foulard pour masquer le visage et une visière.
Le look, je-veux-lancer- une-brique-à la manif.

Or voici que le curling norvégien nous apporte les « britches », culottes qui descendent juste au bas du genou avec un imprimé pied de poule et le bas bleu avec un large bande rouge, la casquette en tartan.


Je décerne la médaille de la bonne humeur olympique au curling norvégien. 

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