jeudi 28 novembre 2013

Société

Croc-en-jambes : Les Grinchs dans l'actualité

depression-noel
Le collaborateur Eric Boulay se prépare pour le temps des Fêtes en soulignant des histoires dans l'actualité qui nuisent à l'esprit de Noël.

13

BLACK FRIDAY

P- Vous êtes en proie à des sentiments partagés cette semaine…

E- Bof… Oui et non… Je me sens mi-figue, mi poisson… entre chien… et raisin

Lendemain de veille? Trop fêté la coupe Grey? Non. J’ai été modérément raisonnable. À preuve, il reste de la crème de menthe verte au fond de la bouteille... de Pilsner. Alors J’ai sans doute pas ASSEZ fêté.
J’pense que c’est ça le problème.




P- Alors parlons, je sais pas…  De hockey?

E- Ouii! Grosse nouvelle hier :
Scrooge a acheté la ligue nationale.
Quel sens du timing. On n’avait pas fini de parader nos champions de football à 40 000 piastres le salaire que le Grinchu nous annonce qu’il achète des droits pour quatre milliards…

P- 5,2 milliards!

E- 5.2 milliards $! Mieux encore! Je pense qu’il y a une leçon à retenir là-dedans. 

P- Ah oui?

E- Think Big!  Cette année, ma chérie :
On achète les droits sur Noël.

Ouais… C’est le temps des listes. C’est quoi les affaires de Noël qui impliquent pas de magazinage?

 Apprendre des chansons de Noel?

P- Dessiner des cartes de voeux.

E- Faire des décorations à la main?

P-Passer du temps en famille,

E-Patenter un gâteau au fruits?

Cette année, on scrap tout ça! Si ça s’achète pas… C’est pas assez bon pour nous autres.

Vendredi c’est Black Friday! Est-ce que j’ai un costume?  Non? J’ai sûrement du noir. Qui a pas de noir? Mais au lieu d’utiliser ce que j’ai déja.
on va aller chercher du noir neuf aux …Etats-Unis!

(au petit trot s’en va le client chercher ses cadeaux)

Mais attention… On va se préparer soigneusement. J’voudrais pas manquer l’heure de pointe. Quand les douaniers vont être ben écoeurés. Et puis on va se mettre dans la file la plus longue. Ça c’est ma spécialité. Je me pratique à l’épicerie toutes les semaines. Même quand il n’y a pas d’attente, j’en crée.

Pour passer un bon moment, on va monter la musique dans l’auto au maximum (au petit trot s’en va le client avec ses cadeaux…)



« Est-ce que j’ai mon passeport? No I have Visa card... American Express?
Speak louder because Christmas music very noisy.”

Ça c’est juste pour se réchauffer.

Pour bien s’imprégner de l’esprit du Black Friday, ça prend un gros centre d’achats. La meilleure place pour stationner c’est dans la zone réservée aux véhicules d’urgence. C’est interdit?  Ben oui, et c’est pour ça que c’est l’fun. Pas de problème, on va laisser tourner le moteur, comme ça ils vont savoir qu’on va revenir… à moment donné.

Allons tout de suite au commerce qui vend le plus choses qu’on n’a pas de besoin.
C’est difficile à choisir, Y’en a tellement. 



Prenons celui où les prix sont pas indiqués. 
Comme ça on peut passer un moment furieux à chercher les commis. 

« Scuze me : Are you a Commis?
How much cost the noel boules?
Do you have some more expensive?
So I can gaspille un peu plus?

It’s okay si sont trop cheaps.
I’ll bring back les affaires cassées pour les échanger au boxing day. »



À la caisse, invariablement on va vous demander si vous avez une carte du magasin. Répondez non et que ça vous intéresse vraiment,
que vous voulez vous inscrire.

Do I have my client card? No. Est-ce que j’en veux? Yes. And I would like to répondre à toutes les questions du formulaire pour accumuler des Air Miles s’il vous plaît.

Un petit conseil pour nos auditeurs.
Exigez que tous vos achats soient emballés dans du papier de Noël, bien sûr. Et pour ajouter du plaisir demandez à ce qu’ils laissent le reçu… à l’intérieur.

Comme ça les agents qui vous attendent aux douanes vont pouvoir faire une petite course au trésor.

Chanceux va!

Autres astuces. Acheter des fruits en plastic pour décorer le centre de table. Moins besoin de cuisiner.
Meilleur pour la ligne!


Pour ceux qui ont des chats, et qui veulent les intégrer dans le joyeux temps des fêtes, mettre du catnip dans la crèche.

Pendant que vous êtes aux États, achetez un arbre de Nwel. Juste pour pouvoir dire que vous avez passé un sapin aux douanes.

Oubliez pas le train électrique? C’est un classique. Cette année on peut en avoir avec des wagons qui inflammables.

Pour les fines gueules, les gourmets, ça vaut la peine de se procurer un livre de recettes. Vous offrez ça à des amis cordon bleu, et ils vont se sentir obligés de vous inviter chez eux pour goûter les affaires qu’ils ont essayé de cuisiner.

Mais vous vous demandez où est-ce qu’il prend toutes ses belles idées?

Le truc c’est de pas y penser.
Faites une liste… puis oubliez-la.
Improvisez. Laissez-vous influencer.
C’est à ça que ça sert la publicité.

Si au lendemain du Black Friday vous êtes pas dans le rouge, c’est que vous avez rien compris.

Vous pourrez pas dire que j’vous ai pas avertis!



vendredi 22 novembre 2013

Croc-en-jambes : Derrière les dessous du football, la vie insolite de centre arrière

Football
La folie du football est en pleine expansion dans la ville. Eric Boulay en profite pour nous en parler.

jeudi 21 novembre 2013

12

Derrière les dessous du football



- Cher ami. Êtes-vous prêt pour la Coupe Grey?

Non. De même qu’un jour, il y a plus de 10 hivers, j’ai fait mes valises et suis venu à Regina de mon plein gré, force m’est d’admettre que je n’étais pas prêt à devenir Saskatchewanais. L’est-on jamais?

Ainsi, bien que j’élève mes enfants en territoire Riders, et qu’ils deviennent joueurs de football à tous les automnes, je ne comprends encore que difficilement leur position, et en quoi consiste mon rôle de 13ième joueur.



Mon adhésion à la nation Riders est un exercice de bonne volonté, un effort de camouflage pour me perdre dans tout le gligli et le glin glin vert. Mais ça ne vient pas du cœur, j’ai bien peur. Pour moi un chapeau melon reste un couvre-chef de feutre et non un légume dans lequel on insert la tête. Je suis et serai toujours un étranger, une Alouette plumée. Ceci étant dit je suis prêt autant que je le serai.



Il doit certainement y avoir au moins un aspect ou l’autre qui puisse t'intéresser à cette fête?



Oui. J’ai longuement réfléchi aux origines de ce jeu.
Dans ma tête a résonné l’écho de la caverne primitive…

To be or not...to twenty two... two twenty two...
Hut-Hut-Hut

Qu’est ce que le football sinon qu’un pantomime de la chasse?  

Il nous faut reculer dans la nuit des temps, allumer un peu de paille et observer l’art rupestre – peut-être pas les pétroglyphes des cavernes de Lascaux mais disons… les grafitis du viaduc sur la rue Albert.

Qu’y trouve-ton.? L’effigie d’un monstre préhistorique : Gainer, le terrifiant spermophile de Richardson. Créature sous-terraine capable d’émerger à tout moment pour avaler les récoltes de villages entiers.



Comment ne pas frémir à l’idée de ces braves chasseurs d’autrefois, rassemblant leur courage et des provisions de Pilsner -  pour aller traquer la bête, aux mille têtes. laissant derrière eux , les trop jeunes et les trop vieux, aux soins des femmes dévouées occupées à la cueillette de baies de Saskatoon, à réchauffer les huttes, moudre farine, pétir le pain, et rapiécer des sous-vêtements de peau de bison, les conjointes consacrées à leur tâche d’offrir leur indispensable support athlétique.

Tant d’heures à espérer le retour de leurs hommes. 
Les verra-ton poindre à l’horizon?
Oui, enfin les voilà, au soleil couchant émergeant des herbes blondes dans les champs,c’est le retour glorieux des vaillantsportant leur trophée de gophers embrochés.
C’est la parade.
Les guerriers font le récit mimé de leurs exploits
Le centre, accroupi comme il se doit au-dessus du trou où se cache la proie, il l’appelle :  two-twento-two, two twenty two, hut hut, il saisit le rongeur préhistorique, le passe par l’entre jambe au meneur qui feint de remettre au porteur, lance le rat au receveur qui l'attrape, sous son aisselle et le rapporte étouffé dans la zone des buts, la ròtisserie du village installée au pied du poteau totémique. La besace est tant pleine qu’on se permet de botter les restants.

Voilà comment ils est possible d’imaginer le football originel.

Avec le temps, hélas, les choses n’ont fait que se compliquer. Au point que pour développer le sport tel qu’on le connaît, il a fallu inventer des universités.

Surprenant. Vous dites que l’université a été inventée pour le football et non l’inverse?

Oui. Du moins en Amérique du Nord. À preuve : Dans 47 des 50 États américains, le fonctionnaire le mieux payé est l’entraîneur de l’équipe de football universitaire.

Comment peut-il en être autrement? Pour chaque équipe il faut une formation de défense et une formation d’attaque, et qui plus est, des unités spéciales.



Et pour chaque jeu, on demande aux athlètes de mémoriser un tableau avec 12 x et 12 O, des dépacements  qui ressemblent à un tic-tac toe sur l’acide.

Et je ne vous parle pas de l’équipe des arbitres et leur uniforme zébré, comme on le faisait jadis pour distinguer les fous… et les prisonniers.

Et encore des meneuses de claque capables de toutes sortes d’acrobatie pour distraire public et joueurs.

Pas surprenant qu’ils se produise des commotions cérébrales.

P C’est bien malheureux.

Mais s’en priver est encore pire. Le football est un exutoire ne l’oublions pas. Une façon d’évacuer le trop plein de tension physique. Voyez ce qui arrive à Toronto. Les Argos se sont fait éliminer.
Le lendemain, son maire en manque de défoulement faisait preuve d’une surprenante agilité courant dans les allées de la mairie pour bloquer une conseillère de soixante ans.

Oui la Coupe Grey est un carnaval qui prête à tous les excès.

Ceci étant dit, comme je me suis opposé à la construction d’un nouveau stade, je m’objecte à cette comète verte qui s’impose dans le ciel. Je trouve que c’est des fonds municipaux mal placés.



Mais je ne suis pas le plus à plaindre. Je pense à notre camarade Kim Vallères qui comme journaliste aux sports doit rapporter tout ce qui est derrière les dessous de la couverture des Riders. Il n’est pas une ombre de vestiaire qu’elle ne doive nous éclairer. Tant et si bien qu,elle peut nous en faire un papier- que dis-je un roman! Je lui soumets comme titre :
Fifty Shades of Grey... CuP.

Sur ce, la messe est dite souhaitons-nous une bonne semaine de festivités, que la fièvre verte nous emporte tous.

GO RIDERZ!

Note pour la Société protectrice des Aliments.
Aucun mamifère n’a été malmené dans l’écriture de cette chronique.






jeudi 14 novembre 2013

11

À la sauce Touski


P- Qu’avons-nous au menu aujourd’hui à notre chronique Croc en jambe?

E- Ce sera une préparation Touski.
Comme il arrive quelquefois dans la cuisine familiale de préparer un plat de Touski reste au frigidaire,
je nous propose un mijoté de Touski traîne ça et là dans le garde-manger de l’actualité.

Évidemment, il ne suffit pas de jeter les aliments pêle-mêle (ou potluck) dans l’assiette. Il nous a fallu trouver un ingrédient permettant de lier les saveurs disparates, un thème si vous préférez.

Or le calendrier nous indique que le 13 novembre est la journée internationale de la gentillesse et je mettrai un certain effort à présenter mes jambettes de la façon la plus aimable que possible.

P- Que nous proposez-vous comme entrée?

E- Une marinade; Mylène Paquette, en hommage à une brave fille du Québec qui vient de réaliser la traversée de l’Atlantique à la rame. Plus de gens sont allés dans l’espace  qu’il en est qui ont traversé l’Atlantique comme elle.
Je dis brave fille, parce que de son propre aveu, elle n’est pas très à l’aise dans l’eau.
Elle évite les piscines ou même les baignoires trop grandes.

Mais, tout compte fait c’est probablement un atout pour ce type de défi.



P- Comment ça?

E- Si j’avais à traverser la mer je confierais davantage la préparation à quelqu’un qui n’aime pas l’eau qu’à un bon nageur.

Ce qui serait bien c’est de développer des chaloupes insubmersibles comme la sienne… pour les familles.
Si elle a mis 130 jours pour réunir l’Amérique et l’Europe, je suppose qu’une famille de trois adolescents un rien athlétiques et leurs parents peuvent y arriver en 50 jours! Qu’en dis-tu?

P- T’es pas sérieux?

E- Ben… 50 jours à ramer en famille, vrai que ça peut devenir une galère plus qu'une croisière. Mais entre ça 
ou une éternité à vendre des cartes de bingo pour payer l’avion…c’est un pensez-y bien!


P- Je suppose que vous avez quelque chose de plus consistant à nous soumettre comme plat principal.

E- Nous avons un choix. Notre bon ami monsieur le ministre des Finances nous présente son fidel consommé de poisson.
En bon diététicien il prévoit un budget maigre et équilibré pour… environ…  deux mois avant l’élection fédérale.
Ce qui laisse le temps à son gouvernement de cuisiner les chiffres de sorte que les recettes de l’État paraîtront égales aux dépenses.

Je trouve pour ma part que ça sent le réchauffé et même le réchauffé climatique. Ça convient aux diètes austères ou le travail rémunéré est rare et donc artificiellement précieux. Et où pour obtenir un emploi qui nous plaît il faille compléter des études aux coûts soufflés.

En contrepartie je propose le renversé suisse.



Pourquoi ne pas envisager les choses différemment?

J’attire notre attention sur un article paru dans le New York Times : « Switzerland’s Proposal to Pay People for Being Alive », signé Anne Lowry. On rapporte, en résumé, (pour ne pas dire- en réduit) que quelques hérétiques helvétiques inspirés d’un économiste allemand suggèrent un revenu minimum garanti. Plutôt que de multiplier les programmes d’aide financière et sociale, et toute la bureaucratie que ça implique, assurer à chacun des habitants du pays, un revenu plutôt qu’une dette, un pécule de base distribué tant aux vaillants qu’aux paresseux.

Une fabulation vous me direz.

Mais figurez-vous que ça été essayé. Non pas, dans un pays lointain en territoire communiste mais tout près d’ici dans un village appelé Dauphin au Manitoba dans les années 70.

 

Pendant une courte période de temps, on a garanti un revenu à tous… En plus d’enrayer la pauvreté l’exercice donna deux résultats imprévus… mais non pas surprenants : Davantage d’élèves terminèrent leurs cours, et la fréquentation des services de santé diminua.

J’avoue qu’à première vue ça ressemble à la rêverie d’un idéologue de gauche mais dans les faits, cette idée est véhiculée du moins aux Etats-Unis par des gens qui se disent libertariens et normalement associés à la droite.

P- Donc comme plat principal, le réchauffé Flaherty ou le renversé suisse. Et pour dessert?
E- Les fromages!  J’ai hésité. Finir le Sénat chambré?  Le plus goûteux est parti avec Wallin, Brazeau et Duffy.

P- Vous avez promis de rester gentil!



E- Mais je le suis. Passons plutôt au Porto Toronto. Le porto, un vin cuit rend soutenable un fromage plus Ford, plus pourri.

Les cracks de la publicité vous diront qu’on en parle en bien ou en mal, mais qu’on en parle.
Si c’est vrai, le maire de la Ville Reine est une aubaine. On consulte davantage ses vidéos que ceux de Lady Gaga. L’avantage des siens c’est qu’ils coupent l’appétit là où l’autre nous en donne.

Disons-le : Au propre comme au figuré, c’est un maire stupéfiant, voous conviendrez. On n’aurait pas imaginé un homme si corpulent se montrer si léger.

Hier il signait des bobble-heads, figurines dodelinantes de la tête et inoffensives pour centraide une cause caritative. Je pense que c’est là qu’il est à son meilleur, comme mascotte. Puisque maintenant les Maple Leafs sont une franchise respectable, la mairie se doit de prendre la relève comme risée. 

Sa seule promesse : ne pas coûter trop cher aux Torontois. Honni soit qui mal y voit.

Populiste ou populaire, c’est un maire qui déssert bien.

P- Et pour compléter?

E- Puisque la soupe n’est jamais trop chaude pour les nouilles qu’on élit. Pour abaisser la température, et la colère des éléments; que dire, des ouragans, un glacé de Varsovie? Des intentions louables auxquelles aucun régime ne souscrit. Et par conséquent, un gaz à l’effet déssert.

P- Mais Éric, tu as dit que tu serais gentil.

E- Osacr Wilde a dit : Un gentilhomme est celui qui ne blesse personne involantairement.
Je pense donc avoir été fidel à mon serment.

lundi 11 novembre 2013

Croc-en-jambes : Les coquetteries masculines à travers le temps

Mark Twain (Source: The Mark Twain House
Mark Twain (Source: The Mark Twain House
Dans le cadre de Movember, une campagne de sensibilisation au cancer de la prostate en se faisant pousser une moustache, Éric Boulay fait le tour des modes moustachues à travers le temps.

mercredi 6 novembre 2013


10
Movember


P- Avec novembre vient le temps des moustaches.

E- Et l’occasion d’offrir un examen approfondi d’un sujet par ailleurs parfaitement superficiel.

À moins d’émerger d’une caverne,  chacun sait que novembre est désormais indissociable de Movember.
Et puis si vous avez été tenu en captivité depuis
10 ans, le sujet est susceptible de vous emballer puisque vous êtes sans doute en train de vous demander quoi faire de votre barbe. 

Movember est un mouvement qui nous vient d’Australie. Voici ce que nous apprend l’encyclopédie : 

« Constatant que les hommes sont moins attentifs à leur santé que les femmes et que les maladies masculines demeurent taboues, des Australiens invitent 30 hommes à se laisser pousser la moustache pendant 30 jours. Cette opération a pour but d'attirer l'attention sur les maladies masculines tel que le cancer de la prostate et de produire un financement pour la recherche médicale. »

Voilà un usage certes louable d’un phénomène autrement… encombrant.

P- Est-ce pour cela que vous affichez aujourd’hui un assemblage de poils nouvellement taillés?

E- Je ne suis pas en campagne de financement.
Et puis je me suis fait signaler par un movembriste certifié, Gaetan Benoit que le fait que les poils m’occupant le faciès sont antérieurs au premier novembre et par conséquent
ma candidature est irrecevable en vertu du protocole.

Je le dis pour ceux qui seraient tentés par l’aventure.
Il convient, pour rester dans les règles que toute forme de pilosité du visage soit rasée le jour du premier novembre.

Les jours et semaines qui suivent se veulent une forme de mortification. On laisse les gens s’informer de la saleté qui nous traîne sous le nez et on souffre silencieusement du picotement inévitable qu’amène la poussée de la dite moustache. Jusqu’à ce que la chenille devienne un papillon… de velours. (À moins qu'elle ne devienne qu'une chenille plus grosse...)

Et bien sûr au dernier jour de novembre après avoir annoncé les sommes recueillies, il convient d’abolir la trace hirsute pour le plus grand soulagement des donateurs charitables.

P- Mais alors, la question s’impose. Pourquoi tu te fais pousser… ça!

E- J’suis pas sûr. J’y réfléchis.
À première vue c’est sans importance.

Et à la deuxième vue aussi
                                    - tout compte fait

Toutefois, je ferai valoir que les choses inutiles sont les plus nécessaires. La preuve n’est plus à faire. L’humain après avoir satisfait le besoin de se nourrir, de respirer, de se protéger des éléments, de s’habiller, se reproduire... de se rhabiller ne fait que dans le superflu.



Dans sa pyramide des besoins, le psychologue 
Abraham Maslow place les besoins que je viens d’énumérer à la base. À l’étage viennent les besoins de sécurité; Un environnement stable et prévisible, sans anxiété, ni crise.
Puis en grimpant encore on trouve le besoin d’appartenance et d’amour..
Reprenons l’escalier. Encore plus haut. Se trouve le besoin d’estime, la confiance, et le respect de soi, 
la reconnaissance et l’appréciation des autres.

La somme de tous ces besoins satisfaits, le sommet 
de la pyramide est l’accomplissement de soi.
Vous voyez le rapport à la moustache?

P – Honnêtement? Non!

E- Et pourtant Abraham Maslow portait bien une moustache! J’ai vérifié.

Peut-être que pour mieux embrasser le sujet il faudrait je brosse un tableau plus large. Je vais donc inclure la barbe.

P- Où est ce que ça nous amène?

E- Aux origines du monde. Je suis remonté aux sources. La Genèse. Au début Dieu fit la lumière, puis il sépara les eaux du ciel, inventa la terre ferme, les végétaux, les astres, les poissons, puis les animaux et finalement les hommes à son image.

Au septième jour on dit qu’il se reposa.
Après une semaine pareille j’pense pas qu’il ait eu envie de se raser.

Chez les Grecs, c’est une cosmogonie complètement différente mais le résultat est le même. Zeus a une barbe. Des milliers d’années d’iconographie, nous le confirment.
Tant et si bien que j’me pose la question!
Aussi hérétique que ça puisse paraître…
Est-ce que la barbe serait venue AVANT le Créateur?

P- Silence consterné

E- Je laisse le soin aux théologiens et astrophysiciens d’y répondre.

Toujours est-il qu’on peut supposer que l’homme n’ait pu se raser avant l’invention de la pierre polie ou la bouteille cassée, ce que je déconseille vivement

Il faudra attendre les pharaons pour trouver une représentation de la barbichette.

Et puis Rome où tout à coup, le rasage impose son empire. Dès lors, la moustache est réservée aux barbares et autres résistants. Je sais- j’ai lu Astérix.

Puis vient Charlemagne à la barbe fleurie.

Et depuis… c’est la lutte. D’une part, la civilisation qui rase et taille -Tintin - et d’autre part, ceux qui font trembler le monde: les Ptolémée, Galilée, Marx, Darwin, Freud, Fidel Castro, et le capitaine Hadock!



Entre les deux, les moustaches—Tournesol.
Le cardinal Richelieu, les trois mousquetaires. 
La moustache d’Hitler que personne n’ose plus porter. Mais qui est aussi celle de Charlie Chaplin que personne ne peut remplacer. 
On peut remonter jusqu’à Lénine ou reculer jusqu’à Staline. Et pareil dans toutes les disciplines : Dali, Rodin, Victor Hugo, Mark Twain, Maupassant qui y consacra une nouvelle, et aussi Brahms, Brassens, Frank Zappa, Freddy Mercury.
Dans le sport les champions du baseball cette année sont les barbes de Boston. Au hockey qui ne se souvient de la moustache Lanny McDonald, l’homme dont personne n’a jamais vu la lèvre supérieure!


                                


Dans le sport les champions du baseball cette année sont les barbes de Boston. Au hockey qui ne se souvient de la moustache Lanny McDonald, l’homme dont personne n’a jamais vu la lèvre supérieure! Et puis Mark Spitz qui pris à Munich 7 fois l’or dans une discipline où tout les compétiteurs sont rasés de frais.

Pourquoi la moustache? Répondons comme l’alpiniste à qui on demande pourquoi il gravit telle montagne.

P – « Parce qu’elle est là. »

E- Signalons que celui qui le premier grimpa l’Everest Edmond Hillary ne portait pas la barbe… quand il a commencé son ascension!

J’ajouterais qu’aujourd’hui, en politique les moustaches et barbus sont rares du moins à l’extérieur des régimes religieux. Il y a eu Jack Layton. Il y a maintenant Mulcair.
Par contre tous portent la cravate ou la boucle qui ne sont à mes yeux que des barbes et des moustaches postiches.

Non, je ne sais pas pourquoi je porte du poil au visage, une moustache et des favoris. Sans doute pour joindre l’inutile au désagréable.

Pour clore : J’en appelle au proverbe.

P- Si la barbe est une indication de sagesse, toutes les chèvres sont des prophètes.