jeudi 21 novembre 2013

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Derrière les dessous du football



- Cher ami. Êtes-vous prêt pour la Coupe Grey?

Non. De même qu’un jour, il y a plus de 10 hivers, j’ai fait mes valises et suis venu à Regina de mon plein gré, force m’est d’admettre que je n’étais pas prêt à devenir Saskatchewanais. L’est-on jamais?

Ainsi, bien que j’élève mes enfants en territoire Riders, et qu’ils deviennent joueurs de football à tous les automnes, je ne comprends encore que difficilement leur position, et en quoi consiste mon rôle de 13ième joueur.



Mon adhésion à la nation Riders est un exercice de bonne volonté, un effort de camouflage pour me perdre dans tout le gligli et le glin glin vert. Mais ça ne vient pas du cœur, j’ai bien peur. Pour moi un chapeau melon reste un couvre-chef de feutre et non un légume dans lequel on insert la tête. Je suis et serai toujours un étranger, une Alouette plumée. Ceci étant dit je suis prêt autant que je le serai.



Il doit certainement y avoir au moins un aspect ou l’autre qui puisse t'intéresser à cette fête?



Oui. J’ai longuement réfléchi aux origines de ce jeu.
Dans ma tête a résonné l’écho de la caverne primitive…

To be or not...to twenty two... two twenty two...
Hut-Hut-Hut

Qu’est ce que le football sinon qu’un pantomime de la chasse?  

Il nous faut reculer dans la nuit des temps, allumer un peu de paille et observer l’art rupestre – peut-être pas les pétroglyphes des cavernes de Lascaux mais disons… les grafitis du viaduc sur la rue Albert.

Qu’y trouve-ton.? L’effigie d’un monstre préhistorique : Gainer, le terrifiant spermophile de Richardson. Créature sous-terraine capable d’émerger à tout moment pour avaler les récoltes de villages entiers.



Comment ne pas frémir à l’idée de ces braves chasseurs d’autrefois, rassemblant leur courage et des provisions de Pilsner -  pour aller traquer la bête, aux mille têtes. laissant derrière eux , les trop jeunes et les trop vieux, aux soins des femmes dévouées occupées à la cueillette de baies de Saskatoon, à réchauffer les huttes, moudre farine, pétir le pain, et rapiécer des sous-vêtements de peau de bison, les conjointes consacrées à leur tâche d’offrir leur indispensable support athlétique.

Tant d’heures à espérer le retour de leurs hommes. 
Les verra-ton poindre à l’horizon?
Oui, enfin les voilà, au soleil couchant émergeant des herbes blondes dans les champs,c’est le retour glorieux des vaillantsportant leur trophée de gophers embrochés.
C’est la parade.
Les guerriers font le récit mimé de leurs exploits
Le centre, accroupi comme il se doit au-dessus du trou où se cache la proie, il l’appelle :  two-twento-two, two twenty two, hut hut, il saisit le rongeur préhistorique, le passe par l’entre jambe au meneur qui feint de remettre au porteur, lance le rat au receveur qui l'attrape, sous son aisselle et le rapporte étouffé dans la zone des buts, la ròtisserie du village installée au pied du poteau totémique. La besace est tant pleine qu’on se permet de botter les restants.

Voilà comment ils est possible d’imaginer le football originel.

Avec le temps, hélas, les choses n’ont fait que se compliquer. Au point que pour développer le sport tel qu’on le connaît, il a fallu inventer des universités.

Surprenant. Vous dites que l’université a été inventée pour le football et non l’inverse?

Oui. Du moins en Amérique du Nord. À preuve : Dans 47 des 50 États américains, le fonctionnaire le mieux payé est l’entraîneur de l’équipe de football universitaire.

Comment peut-il en être autrement? Pour chaque équipe il faut une formation de défense et une formation d’attaque, et qui plus est, des unités spéciales.



Et pour chaque jeu, on demande aux athlètes de mémoriser un tableau avec 12 x et 12 O, des dépacements  qui ressemblent à un tic-tac toe sur l’acide.

Et je ne vous parle pas de l’équipe des arbitres et leur uniforme zébré, comme on le faisait jadis pour distinguer les fous… et les prisonniers.

Et encore des meneuses de claque capables de toutes sortes d’acrobatie pour distraire public et joueurs.

Pas surprenant qu’ils se produise des commotions cérébrales.

P C’est bien malheureux.

Mais s’en priver est encore pire. Le football est un exutoire ne l’oublions pas. Une façon d’évacuer le trop plein de tension physique. Voyez ce qui arrive à Toronto. Les Argos se sont fait éliminer.
Le lendemain, son maire en manque de défoulement faisait preuve d’une surprenante agilité courant dans les allées de la mairie pour bloquer une conseillère de soixante ans.

Oui la Coupe Grey est un carnaval qui prête à tous les excès.

Ceci étant dit, comme je me suis opposé à la construction d’un nouveau stade, je m’objecte à cette comète verte qui s’impose dans le ciel. Je trouve que c’est des fonds municipaux mal placés.



Mais je ne suis pas le plus à plaindre. Je pense à notre camarade Kim Vallères qui comme journaliste aux sports doit rapporter tout ce qui est derrière les dessous de la couverture des Riders. Il n’est pas une ombre de vestiaire qu’elle ne doive nous éclairer. Tant et si bien qu,elle peut nous en faire un papier- que dis-je un roman! Je lui soumets comme titre :
Fifty Shades of Grey... CuP.

Sur ce, la messe est dite souhaitons-nous une bonne semaine de festivités, que la fièvre verte nous emporte tous.

GO RIDERZ!

Note pour la Société protectrice des Aliments.
Aucun mamifère n’a été malmené dans l’écriture de cette chronique.






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