mercredi 6 novembre 2013


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Movember


P- Avec novembre vient le temps des moustaches.

E- Et l’occasion d’offrir un examen approfondi d’un sujet par ailleurs parfaitement superficiel.

À moins d’émerger d’une caverne,  chacun sait que novembre est désormais indissociable de Movember.
Et puis si vous avez été tenu en captivité depuis
10 ans, le sujet est susceptible de vous emballer puisque vous êtes sans doute en train de vous demander quoi faire de votre barbe. 

Movember est un mouvement qui nous vient d’Australie. Voici ce que nous apprend l’encyclopédie : 

« Constatant que les hommes sont moins attentifs à leur santé que les femmes et que les maladies masculines demeurent taboues, des Australiens invitent 30 hommes à se laisser pousser la moustache pendant 30 jours. Cette opération a pour but d'attirer l'attention sur les maladies masculines tel que le cancer de la prostate et de produire un financement pour la recherche médicale. »

Voilà un usage certes louable d’un phénomène autrement… encombrant.

P- Est-ce pour cela que vous affichez aujourd’hui un assemblage de poils nouvellement taillés?

E- Je ne suis pas en campagne de financement.
Et puis je me suis fait signaler par un movembriste certifié, Gaetan Benoit que le fait que les poils m’occupant le faciès sont antérieurs au premier novembre et par conséquent
ma candidature est irrecevable en vertu du protocole.

Je le dis pour ceux qui seraient tentés par l’aventure.
Il convient, pour rester dans les règles que toute forme de pilosité du visage soit rasée le jour du premier novembre.

Les jours et semaines qui suivent se veulent une forme de mortification. On laisse les gens s’informer de la saleté qui nous traîne sous le nez et on souffre silencieusement du picotement inévitable qu’amène la poussée de la dite moustache. Jusqu’à ce que la chenille devienne un papillon… de velours. (À moins qu'elle ne devienne qu'une chenille plus grosse...)

Et bien sûr au dernier jour de novembre après avoir annoncé les sommes recueillies, il convient d’abolir la trace hirsute pour le plus grand soulagement des donateurs charitables.

P- Mais alors, la question s’impose. Pourquoi tu te fais pousser… ça!

E- J’suis pas sûr. J’y réfléchis.
À première vue c’est sans importance.

Et à la deuxième vue aussi
                                    - tout compte fait

Toutefois, je ferai valoir que les choses inutiles sont les plus nécessaires. La preuve n’est plus à faire. L’humain après avoir satisfait le besoin de se nourrir, de respirer, de se protéger des éléments, de s’habiller, se reproduire... de se rhabiller ne fait que dans le superflu.



Dans sa pyramide des besoins, le psychologue 
Abraham Maslow place les besoins que je viens d’énumérer à la base. À l’étage viennent les besoins de sécurité; Un environnement stable et prévisible, sans anxiété, ni crise.
Puis en grimpant encore on trouve le besoin d’appartenance et d’amour..
Reprenons l’escalier. Encore plus haut. Se trouve le besoin d’estime, la confiance, et le respect de soi, 
la reconnaissance et l’appréciation des autres.

La somme de tous ces besoins satisfaits, le sommet 
de la pyramide est l’accomplissement de soi.
Vous voyez le rapport à la moustache?

P – Honnêtement? Non!

E- Et pourtant Abraham Maslow portait bien une moustache! J’ai vérifié.

Peut-être que pour mieux embrasser le sujet il faudrait je brosse un tableau plus large. Je vais donc inclure la barbe.

P- Où est ce que ça nous amène?

E- Aux origines du monde. Je suis remonté aux sources. La Genèse. Au début Dieu fit la lumière, puis il sépara les eaux du ciel, inventa la terre ferme, les végétaux, les astres, les poissons, puis les animaux et finalement les hommes à son image.

Au septième jour on dit qu’il se reposa.
Après une semaine pareille j’pense pas qu’il ait eu envie de se raser.

Chez les Grecs, c’est une cosmogonie complètement différente mais le résultat est le même. Zeus a une barbe. Des milliers d’années d’iconographie, nous le confirment.
Tant et si bien que j’me pose la question!
Aussi hérétique que ça puisse paraître…
Est-ce que la barbe serait venue AVANT le Créateur?

P- Silence consterné

E- Je laisse le soin aux théologiens et astrophysiciens d’y répondre.

Toujours est-il qu’on peut supposer que l’homme n’ait pu se raser avant l’invention de la pierre polie ou la bouteille cassée, ce que je déconseille vivement

Il faudra attendre les pharaons pour trouver une représentation de la barbichette.

Et puis Rome où tout à coup, le rasage impose son empire. Dès lors, la moustache est réservée aux barbares et autres résistants. Je sais- j’ai lu Astérix.

Puis vient Charlemagne à la barbe fleurie.

Et depuis… c’est la lutte. D’une part, la civilisation qui rase et taille -Tintin - et d’autre part, ceux qui font trembler le monde: les Ptolémée, Galilée, Marx, Darwin, Freud, Fidel Castro, et le capitaine Hadock!



Entre les deux, les moustaches—Tournesol.
Le cardinal Richelieu, les trois mousquetaires. 
La moustache d’Hitler que personne n’ose plus porter. Mais qui est aussi celle de Charlie Chaplin que personne ne peut remplacer. 
On peut remonter jusqu’à Lénine ou reculer jusqu’à Staline. Et pareil dans toutes les disciplines : Dali, Rodin, Victor Hugo, Mark Twain, Maupassant qui y consacra une nouvelle, et aussi Brahms, Brassens, Frank Zappa, Freddy Mercury.
Dans le sport les champions du baseball cette année sont les barbes de Boston. Au hockey qui ne se souvient de la moustache Lanny McDonald, l’homme dont personne n’a jamais vu la lèvre supérieure!


                                


Dans le sport les champions du baseball cette année sont les barbes de Boston. Au hockey qui ne se souvient de la moustache Lanny McDonald, l’homme dont personne n’a jamais vu la lèvre supérieure! Et puis Mark Spitz qui pris à Munich 7 fois l’or dans une discipline où tout les compétiteurs sont rasés de frais.

Pourquoi la moustache? Répondons comme l’alpiniste à qui on demande pourquoi il gravit telle montagne.

P – « Parce qu’elle est là. »

E- Signalons que celui qui le premier grimpa l’Everest Edmond Hillary ne portait pas la barbe… quand il a commencé son ascension!

J’ajouterais qu’aujourd’hui, en politique les moustaches et barbus sont rares du moins à l’extérieur des régimes religieux. Il y a eu Jack Layton. Il y a maintenant Mulcair.
Par contre tous portent la cravate ou la boucle qui ne sont à mes yeux que des barbes et des moustaches postiches.

Non, je ne sais pas pourquoi je porte du poil au visage, une moustache et des favoris. Sans doute pour joindre l’inutile au désagréable.

Pour clore : J’en appelle au proverbe.

P- Si la barbe est une indication de sagesse, toutes les chèvres sont des prophètes.


1 commentaire:

  1. J'ai noté ce proverbe de fin de chronique et oserai le ressortir au besoin... si tu me le permets, bien sûr.
    Merci pour cette édifiante chronique pileuse.

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