mercredi 30 octobre 2013


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Humpty Duffy

P – Bonjour Éric. Comme à l’accoutumée vous nous proposez de faire un croque en jambe à l’actualité. Aujourd’hui, l’Halloween et l’affaire Mike Duffy

B – Je ne cacherai pas qu’il me faut un effort pour dissocier les deux.

Mais dégageons d’abord la question de l’Halloween. Cette fête qui à force de promouvoir les bonbons devrait être financée par les dentistes.

Depuis longtemps je recrute pour un parti impossible les gens qui comme moi déplorent le mois de novembre. Pour être plus précis, toute la saison comprise entre l’Action de Grâces, les couleurs de la récolte, les vendanges d’une part, et l’Avent où la neige fait table rase et blanchit. Je suis pour l’abolition du mois de novembre. Une semaine devrait suffire pour changer le filtre de la fournaise, ranger les sandales et les culottes courtes et mettre les pneus d’hiver.

Mais non. Les feuilles sont râclées, il ne reste plus des arbres qu’un rayon X, un squelette de l’été. Le mois de novembre est une ombre interminable qui s’allonge entre deux nuits.

Ma mère dit : « l’heure avance, la mort approche. »



P- Mais pour qui connaît ta mère, son dicton dit tout le contraire de son caractère.

E - Maman c’est l’irrépressible besoin d’extérioriser la vie.
La théâtralité incarnée. Décor : les mille espèces d’arbres et arbrisseaux qu’elle collectionne d’année en année se garnissent de toiles d’araignée, de fantômes, auxquels s,ajoutent les citrouilles naturelles ou artificielles et toute autre espèce de cucurbitacé, séché ou non, qu’on trouve dans les marchés.   

À l’Halloween la maison est aussi décorée qu’à Noël.

P -Et puis c’est la costumière : ces enfants, et maintenant ses petits-enfants et même arrière-petits enfants peuvent compter sur un approvisionnement renouvelé. Le plus souvent cousus à la main. Tous les pirates y trouvent leur trésor.

E - Son père pour pratiquer le théâtre se produisait dans un salon funéraire de l’Outaouais, je suppose entre deux expositions, quand l’habituelle clientèle se faisait plus rare. Et comme la pomme tombe souvent près de l’arbre il semble tout naturel que je me sois imprégné des arts de la scène au point d’en faire pour un temps un métier.

Maintenant que j’y pense. J’dois l’admettre, pour les troupes de théâtre, la disparition de novembre serait horrible. D’ailleurs je lisais hier, que dans les pays du midi l’Espagne, le Portugal, le Mexique aussi, il y a une tradition qui veut qu’on présente Don Juan à l’Halloween.  Le trousseur de jupon impénitent, celui par qui le scandale arrive qui rencontre son destin sous la forme d’une statue de commandeur militaire qui reprend vie. Ça fait plein de sens.

P- Parlant de celui par qui le scandale arrive, une réflexion sur cequi mobilise l’actualité, ces jours-ci l’affaire Duffy?

B- J’y arrive.  D’abord ce personnage de Mike Duffy, dont la physionomie rappelle Humpty Dumpty.



La  contine en anglais raconte :
"Humpty Dumpty sat on a wall.
Humpty Dumpty took a great fall.
All the kings soldiers and all the kings men
Couldn’t put Humpty together again."

De même Mike Duffy  a un siège à la chambre haute.
Et puis il tombe, déchu.
Tous les soldats et les hommes du roi Stephen (on pourrait dire les avocats) ne peuvent le restaurer.

Mais qu’est ce que cette chambre haute, le sénat que certains voudraient abolir comme Zombieland?

En anglais on dit : The Chamber of sober second thought –  
la chambre où l’on réfléchit à tête reposée.
Une chambre vénérable ou vétuste?

Si je suis bien, les régimes parlementaires britanniques ont imaginé le Sénat comme un moyen de tempérer les affaires quelquefois bouillantes du parlement.

Il est vrai, que ce peut être une bonne idée de désigner des sages, des personnages au-dessus de l’actualité politique brûlante. On élit un gouvernement pour quatre ans, mais il y a des choses qui demandent une supervision à plus long terme. Une sorte de gouvernement durable. Dans bien des aspects de la vie publique, quatre ans c’est du court terme. Les infrastructures, le droit, l’écologie, les sciences sont des choses qui évoluent plus lentement.

Il me semble que c’est dans cette perspective qu’on a déterminé qu’il fallait des représentants presque perpétuels comme les papes.

P - ou enfin, comme les papes avant Benoît XVI.

B- Voilà Et plutôt que de les faire élire, comme le préconisait monsieur Harper, dans son ancienne idée de réforme, on les désigne. Mais ça suppose que les gens qui désignent soient plus sages que les électeurs. Et plus sages que les élus. Or c’est les élus qui désignent les sénateurs.

Et petit à petit le Sénat s’est peuplé d’amis du parti selon qui se trouve au pouvoir.

C’Était le cas sous les libéraux. Et quand des sièges sont devenus vacants on les a remplacés par des conservateurs.

Stephen Harper en a nommé 11. Parmi lesquels se trouvent Patrick Brazeau, Pamela Wallin et …

P - Humpty Duffy.

E - Mais en quoi ces sénateurs se distinguent-ils? Leur train de vie est passé sous la loupe…

P -  Ça va de soi. On demande à la population de se serrer la ceinture. On attend de ces représentants qu’ils donnent l’exemple

 B – Qui plus est on se rend compte que madame Wallin et monsieur Duffy n’habitent que symboliquement les régions qu’on les fait représenter.

P - Force est d’admettre qu’il y a du laxisme, du mou dans les règles qui les régissent.

E – Et j’ajouterais qu’il y a une certaine duplicité dans le rôle de personnages supposés représenter une sorte d’indépendance du pouvoir.

Madame Wallin a un siège sur plusieurs conseils d’administration, Qui sait. Possiblement des lobbys?

Monsieur Duffy est réputé être un champion dans le financement politique. C’est à ce titre qu’on l’a sollicité dans de nombreuses campagnes électorales alors même qu’il est sénateur.

Maintenant, qu’en est-il vraiment? Il y a eu une enquête pour ainsi dire interne supervisée par une firme comptable

P - Il y a une enquête de la GRC toujours en cours.

E - Mais tout à coup les zombies plutôt qu’être lents, à peine animés comme le cinéma nous y avait habitué. Des cibles faciles.
Il semble y avoir urgence de tout régler. Des sénateurs proposent de tout régler vite fait en condamnant trois des leurs, suspendre leurs salaires.

On est plus proche des morts-vivants de wold war Z, le film avec Brad Pitt ou les morts suractifs se précipitent comme en manque de stupéfiants.

 Je dis gardons-nous de juger trop vite. Monsieur le premier ministre a mis bien des mois pour faire évoluer sa version des faits. Peut-être qu’avec un peu de temps on pourrait lui faire donner une version définitive?

Mark Twain disait : Le mensonge fait le tour de la terre pendant que la vérité ne fait que mettre ses souliers.

Pour faire Halloween, prenons le temps cette fois de bien déterrer la vérité.



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