mardi 26 juillet 2011

Midas, Crésus et le Pactole

Chronique: Moi et mes dictionnaires

Chaque semaine, Éric Boulay, nous apprend l'origine de certaines expressions de la langue française dans cette chronique réalisée par Dauminique Napier et Michel Lalonde à Regina. Aujourd'hui, Éric Boulay nous amène sur les traces du roi Midas...

Boîte de Pandore

Chaque semaine, Éric Boulay, nous apprend l'origine de certaines expressions de la langue française dans cette chronique réalisée par Dauminique Napier et Michel Lalonde à Regina. Aujourd'hui, Éric Boulay nous explique, entre autre, l'origine de l'expression 'Ouvrir la boîte de Pandore'.


lundi 25 juillet 2011

Pandore

Chronique : Moi et mes dictionnaires

La semaine des quatre jeudis

www.radio-canada.ca
Chaque semaine, Éric Boulay, nous apprend l'origine de certaines expressions de la langue française dans cette chronique réalisée par Dauminique Napier et Michel Lalonde à Regina. Aujourd'hui, Éric Boulay nous explique, entre autre, l'origine de l'expression 'La semaine des quatre jeudis'.

samedi 23 juillet 2011

Montjoie!

Montjoie: Cri de bataille de Charlemagne.

Quelques clichés de sommets: Forum Lake


Tunnel Mountain


et Bear's Hump

Insolites Badlands


Ma tendre et dulce Espouye et ses trois clowns
au soleil couchant.

Premier triptyque




1
Passage obligé dans les Badlands, où Baptiste pratique la méditation, position de l'épouvantail, je crois.

2
Les histoires auprès du feu... et la boucane.  Cette année, la Chanson de Roland

3
Dans la neige à 30 C. Expédition de Forum Lake.

samedi 9 juillet 2011

Encontra

24/8 2004

 « Encontra »

Je n’essaye pas de faire du sens de ce que j’ai vu, entendu ou ce qui se produit tout à la fois.

Mon père, que mes yeux cherchent dans la soudaine obscurité,
enjoué  (!), s’adresse à quelqu’un derrière moi.

« Ma sœur, voici mon Juan »

J’ai entendu : « Don Juan », appel prononcé depuis une créature du ciel vers laquelle je me tourne.
À cet instant précis, je deviens : « Don Juan ».
« Don Juan » Sonorité venue non pas d’un seul instrument mais d’un duo cornet et harpe.

Sœur Christina a un angle dans le nez. Pythagore y a signé une étude de compas. Ça rend le milieu de son visage plus sonore. Visage qui est une élégante démonstration de trois droites à partir desquelles on peut inférer un arc en rapport harmonieux avec celui des sourcils, des paupières et les pupilles , qui sont des entrées de voûtes.
Repères sur qui veillent les dents en reflets de cimeterre ou, suivant la contraction de ses fossettes, en jouissance géométrique.
Sa tunique et son voile permettent d’apprécier aussi la longueur de son cou, la force de sa mâchoire.

« Sois poli et dis bonjour » depuis une présence diffuse au loin.

Peut-être un peu gênée aussi, elle s’est pincée la lèvre d’une de ses blanches incisives. C’est dans ma bouche qu’est venue toute la salive, par quelle magie ? Je ne sais.

« Il faudra t’en remettre mon Juan, tu pars demain et tu dois préparer ta malle. » rajoute le distant chaque fois plus en retrait.

Et elle m’a offert une seconde mesure de sa musique ;

« Fais-moi voir ton païs, s’il te plaît ».

Des cordes de harpe mi pincées mi frottées. Longues, rondes et basses. Des cordes d’une harpe à souffler des gentillesses dessus.
Elle m’a pris sous le bras. Tandis que s’élargissaient mes épaules, sous les pieds, un tapis nous a pris et portés vers la sortie.

« Juan, fais-lui visiter le domaine. Et quand tu seras en mesure de parler, reviens me voir. » ai-je encore entendu.

Ce que ça voulait dire je ne sais pas. Ça n’a aucune importance.
Ma mémoire l’a seulement retenu comme elle retient tellement d’autres choses inutiles, la raison incapable de soutenir l’agrément.

Enfance de Don Juan

Veille en montagne


Quelque chose aboie, et ne devrait pas. C’est notre première nuit en montagne.
L’équipage dort. Je fais le guet.

Auprès du bivouac, je distingue de moins en moins l’escarpement profilé dans la nuit froide.
Un mulet borde de son crin chaud… Christina.
Sur qui je veille, sans prendre à son sommeil.
À défendre, des coyotes, des aigles, des bandits, de moi.

J’attise la braisée, tout pris à ne pas… Plein les bras, de rien…

Je m’interdis d’elle, me la refuse
Alors que moi elle me prend tout, toute ma retenue
Et ne me demande rien.

Mes questions lui sont pointées, empressées,
En inventant des réponses dans le souffle d’enfant qui lui échappe des lèvres dormantes

Jacob et son maître n’ont pas lutté plus fort que je ne le fais.
Quelles prises pour parer l’étreinte que je lui destine.
Encore et encore, je repousse de toute mon imagination, le rocher sur lequel elle dort
Et me substitue à lui sans que rien ne se déplace, ne se déglace.

Obsédé
Je retourne avec fureur le tisonnier dans les charbons
Et puis la douzième fois, n’en pouvant plus,
Je secoue le feu et s’en échappe une pincée d’étincelles
Tout ce que je suis dans ce coup de bâton, risibles feux perdus dans l’immense, l’immuable.

Quelque chose se consume pourtant inextinguible.
Entre elle et moi
Il reste de l’air,
Du cœur à brûler.
Je fais le guet

Une olive au clair de lune

Elle va revenir et je serai parti. Bien fait! N'avait qu’à rester.
Pas pour moi ou pour un autre. Pour être là et finir l’été comme il faut.

Julia et moi, on se brise le cœur depuis avant qu’on ne sache qu’on est garçon et fille. La première de la bande qui a fait pipi accroupie!

Et la première à qui j’ai fait de la peine.
Une fois, je suis allé au bois avec Xaviera plus âgée aux cheveux blonds et bouclés, des rondeurs et encore... alors que j’avais promis à Julia qui a des jambes en barreaux de chaise et du crin que rien ne peut friser d’aller me baigner avec elle.
Encore la première qui m’a donné un coup de poing qui m’a fait mal.
Je pensais avoir eu des bleus et des poques partout avant de la connaître.

Et Julia c’est ma compagne pour les olives.

Un soir qu’on ne voulait pas aller faire dodo, qu’on n’avait plus rien à faire vraiment mais une journée qu’on ne voulait pas laisser aller non plus, elle m’a défié de faire tenir autant d’olives dans ma bouche qu’elle pouvait le faire dans la sienne, de petite margoulette.
« Le perdant doit tout avaler », trompette t-elle.
« Et avaler celles du gagnant » que j'ajoute, hilare.

À ce jour je ne sais pas comment elle a fait son coup. Qui de ses pommettes, de ses dents, de ses lèvres pouvait cacher autant de fruits?
J’ai été surpris mais je le fus bien davantage, quand après m’avoir obligé à engloutir cinq ou six ou même sept olives de misère, elle m’en donne une de sa bouche.
J’ai su que la lune s’était levée parce qu’elle a réfléchi dans l’huile sur la joue de Julia qui se penchait sur moi.

Enfance de Don Juan

mardi 5 juillet 2011

Mysteria

16/5 2005

de : DJS
à : Muse
objet : Folie furieuse…

Toi…
À Regina !

Juste pour moi.


Te plaire.
Être ta première récompense.

J’ai envie de t’écraser dans mes bras
Te prendre dans mon t-shirt préféré, p’is mes jeans
T’auras plus besoin de toucher le plancher de l’aéroport.

Retenue.

Il faut que je laisse sortir mon empressement, autrement.
Il y aura des enfants, des grands-parents. Qui comprendraient sûrement en y repensant.
Personne ici ne me connaît mais tout le monde a compris que je crève d’envie de te voir.
T’entendre aussi.

Je vais d’abord me faire ton bagagiste. Emmène plein de choses pour m’occuper les muscles et les mains. Jusqu’au taxi.

« Mysteria, thirteenth avenou »

Belle étrangère j’ai demandé à ce qu’on nous conduise dans le quartier Cathedral ; des arbres, surtout des peupliers et des ormes, qui arrivent parfois à faire une voûte sur les larges rues de 100ans.
Les ormes portent tous une petite jarretière noire à la hauteur des épaules des Réginois qui posent ainsi on dirait , l’anneau , juste l’anneau, du préservatif contre la « maladie du Hollandais ».

La treizième c’est deux coins de rue.
Des petits commerces de spécialités, de viandes sauvages, de poisson, un resto belge, une chocolaterie, une école - ils font bon ménage, un café Bodega, le Freehouse, repère des étudiants, une place où exposer des tableaux, là encore un réparateur d’ordinateur et de blé organique, et nous voici à la galerie Mysteria.

Au rez-de-chaussée c’est une bijouterie artisanale. Des breloques inventées à l’unité, des « gift ideas », des calendriers chinois, des encensoirs bouddhistes et du savon de chanvre dont je m’suis abondamment frictionné pour ce grand jour. Je me serais roulé en joint et fumé tant ça sent le bon gazon.


Le lieu est un portrait de la proprio, Eileen qui dispense aussi des sessions de « nasal rinsing », truc où on apprend à respirer avec de l’eau dans le nez.

Comme toutes les affiches de théâtre, les annonces de regroupements populaires, les pubs de yoga et de kick-boxing qui tapissent son parvis et le mur derrière la caisse, je me suis présenté à elle il y a quelques mois. Je cherchais où faire un 5 à 7 et on m’avait dit qu’à l’étage il lui arrive de recevoir des exposants, et par conséquent des cocktails.

Je lui ai en organisé deux ou trois et je lui en ai fait boire quelques-uns de plus.

Elle nous prête la clef ce soir.
Je tiens à ce que tu t’y trouves seule avec moi.
Laisse-moi me rappeler où sont les alarmes, les lumières…
Suis-moi.

Le bois du plancher, et de l’escalier aboient sous nos pas intrus, les portes qui craquent et le bruit des verrous sermonnent.

Il y a là,
-j’actionne la console d’éclairage,
33 « paires » de souliers.

J’emploie « paire » avec réserve.
Le plus souvent ces jumeaux ne sont pas identiques.
Le droit n’est pas toujours du même matériau que le gauche.
Et comme elle vend à l’unité tu peux t’inventer une combinaison.

Autre particularité.
Soulah, l’artiste cordonnière qui expose, tient à ce que l’intérieur de la chausse soit du même matériau que l’extérieur et y porter un bas relève du sacrilège.

Sa « démarche » consiste à redonner son caractère religieux au contact du sol « Mother Earth ». Elle aspire à ce que ses créations soient portées pour danser.
Certaines sont conçues pour se désintégrer, en cours de samba.
Des espèces de souliers pinata qui explosent.
Ils ont fait une vidéo de ça.

(…)

D’accord !
T’as lu toi aussi dans le feuillet !
J’pensais que tu faisais semblant pour que j’aille le temps de t’examiner, d’archiver ta silhouette parmi les belles sensations du monde. Consigner ma joie si tu veux… Pour usage immédiat et ultérieur.

(…)

Oui. Les bottines en légumes et en fruits.
Marrant les pantouffles citrouilles. Une variation sur Cendrillon.

Vas-y rince-toi l’œil
Je vais approcher le fauteuil, et une cuvette que j’emplis d’eau bien chaude.
Ah et la musique, oui…
Choisis, j’ai laissé des compacts près du lecteur.

(…)

En principe non. On doit pas déranger l’installation. Mais je suppose qu’en faisant attention… Et puis si jamais tu en veux une paire, il faut bien que tu l’essayes.


Viens t’asseoir ici.

Parle-moi de ce que tu aimerais avoir aux pieds.
Il y a les écailles, fascinantes ; requins, crocodiles, serpents, anguilles ! Toutes ces choses entre la peau et la carapace. Laquées. Le vernis luisant aurait pour effet de laisser s’enrouler et se dérouler ces bestioles encore remuantes, qui vont glisser leur enveloppe de sang froid sur toi chaque fois que tu y mettras les pieds… Scandaleuse.

J’aime bien la section Safari. Du blindage de rhinocéros, des bottes de pachyderme, du léopard, de la panthère, du taureau. J’irais pas jusqu’à certifier qu’il s’agit d’authentiques peaux, surtout le zèbre fluo- espèce en voie d’apparition.
Par contre elle a fait l’effort de rendre les blessures vives, marques de lances et de flèches bien réalistes.
Les fauves imaginaires se débattent encore.

Moi je m’accroupis à tes genoux.
Non pour accéder de ma bouche à tes cuisses.
Pas maintenant.

C’est pour te déchausser.
Je repose tes talons au creux de ma main gauche et verse pour toi
un filet d’eau depuis la cheville jusqu’au gros orteil
Que j’enveloppe de mon mieux pour essuyer avec une grosse serviette volée au Regina Inn.
Assis sur un petit tabouret je peux laisser peser tes pieds sur mes genoux, ou à l’intérieur de mes cuisses.

Cet onguent que je sors de nulle part c’est un truc secret. Ça sent rien. Ça lubrifie. C’est un génie dans un tube.
Pour me permettre de te malaxer les petons

(…)

Non. J’connais rien à l’ortho-orteil ou à la réflexologie.
J’sais que Freud a écrit des choses là-dessus.
Pour parler des fétiches.
J’en ai conclu que les fétiches c’est bon.

Qu’en penses-tu ?

(…)

Oui. Les tabous aussi.

(…)

Ce que je fais ?
C’est d’inventer des caresses.
Paraît qu’à chaque bout de pied correspond une partie du corps.
J’voudrais bien savoir laquelle.
Si tu veux que j’m’attarde quelque part, tu me le dis, ou continue de grogner quand tu en veux encore.

Avec les jointures, entre chaque doigt de pied, le dos des ongles qui rampent jusqu’au mollet, la paume qui épouse la plante, le revers de la main sur tes pointes de danseuse, mes cheveux,
ton pied sur mon crâne, une fantaisie juste pour moi.

Ou pour toi aussi.

(…)

Dis-moi quels souliers tu veux essayer.
Hésite tant que tu veux. Pendant ce temps
je t’habitue à ma bouche, mon visage et mes dents.

(…)

Oui. Les bottes de perroquet.
Je te les enfile.
Attention l’intérieur est en duvet.
Tu ne voudras peut-être pas les enlever.

Vas-y marche. Saute aussi.
Et qu’est ce que ça dit, là dans le miroir ?

(…)

Mais ça ne se refuse pas. Danser avec la fille aux pieds d’oiseau.
Je me cale dans ton dos.
En laissant errer mes bras autour comme des ailes très lentes pour planer.
Devant le miroir j’apprécie l’effet, et toi aussi tu triches au travers tes paupières mi-closes.

Et si une de ces ailes t’enserre les seins doucement.
Tandis que ta queue rebondit lentement sur la mienne.
Qui voilà ? Mais c’est Shiva que tu fais étirant tes longs doigts pour t’appuyer là où il n’y a pas d’appui.
Quelle patience je mets à tenir la mesure tout en libérant nos ceintures, nos jeans, nos slips aux élastiques étranglés.
Ton petit cul roulant autour de ma verge.
Ce morceau de musique ne finit plus.

Et c’est là que j’en suis.

Voilà les premiers moments, les premières heures de ton bref séjour à Regina.
Je ne te dis pas la suite.
Je veux que ce soit des surprises pour toute la fin de semaine.

Arrive petite.
Viens asservir Regina.

Je suis prêt.
Don Juan de Saskatchewan


























MON PISSENLIT LE PLUS LONG