Société
Croc-en-jambes : Le froid agit sur nos sens
Des passants emmitouflés Photo : Charles Rex Arbogast |
Eric Boulay nous raconte ce qui arrive à notre corps et à notre esprit lorsque le mercure chute.
AUDIO FILChronique avec Eric Boulay
XVII
Comment agit le froid sur nos sens.
P - Actualité oblige,
aujourd’hui notre chronique Croc en jambe porte sur les grands froids.
Bienvenue Éric.
E- Bonjour Doris
P- Vous allez d’abord nous
donner quelques conseils concernant l’habillement en période de… glaciation.
E- Je vous donne une recette
infaillible. Prenez bien vos notes.
1 - Au petit matin, au moment de quitter le lit, assurez-vous de ne pas
avoir à mettre les pieds nus au sol; Vous aurez donc des bas moelleux et des
chaussettes…. à portée de la main.
P - ... des pieds.
E- Et tout de suite une tuque.
C’est bien connu. On perd la chaleur par la tête et les pieds.
Des mitaines et des culottes aideront à protéger les autres extrémités.
2- Caresser la blonde ou le conjoint et les enfants au moment du départ.
Pour l’affection mais aussi pour leur emprunter de la chaleur.
Regardez-les partir par la fenêtre.
L’important est de se tenir loin de la porte.
P - Et pour aller dehors?
Remarque, je l’ai déjà fait. Ça m’arrive encore. Marcher un peu autour
du quartier! J’ai essayé mon nouveau parka en vortex polaire, ça saisit quand
même les sens.
C’est fou comme une absence – l’absence de chaleur peut nous sembler
hostile. Tous nos muscles se braquent, le visage se crispe, les pores de la
peau se referment, les yeux se plissent, les lèvres se raidissent. Pourquoi?
Parce qu’on sait que dès que le vent nous aura repéré, il va venir nous foutre
une gifle. Bête comme ça …
Si on se donne quand même la peine de regarder autour, l’hiver se donne
en spectacle. La chaleur qui dès qu’elle s’échappe de la cheminée se fait
rabrouer sur le toit.
Les tuyaux d’échappement des voitures attroupées à l’intersection qui exhalent
leur haleine de gaz dans un nuage. Pour peu qu’il y a un cours d’eau et qu’il
n’est pas solidifié, là encore des fantômes de chaleur s’en élèvent et
disparaissent en l’air. (Ya juste des fantômes pour penser qu’on est mieux au
ciel qu’en enfer, une journée comme ça.)
P - Rappelle-nous ce que
c’est.
E - C’est quand les cristaux de
glace dans l’air font une sorte d’arc en ciel autour du soleil. Dans certains
cas, le soleil se réfléchit si parfaitement de part et d’autre du halo qu’on a
l’impression qu’il y en a trois.
Marie de l’Incarnation qui venait d’un pays moins froid en voyant le
phénomène à Québec il y a environ 400 ans, avait appelé ça les trois soleils et
y trouvaitune manifestation de la sainte Trinité.
Les grands froids ça finit par altérer les sens. Elle y voyait du religieux. Après un mois ça
l’aurait fait sacrer, comme tout le monde.
P - Il y a aussi les oreilles
qui entendent différemment par grand froid.
E - Le bruit des pas, par exemple! Dans une bonne bordée du neige le son
est sourd et profond, pouuf…pouf…pouf.
Mais ces jours-ci c’est aigu et grinçant, comme une plainte de sorcière
et surtout plus rapide. (exemple)
Et bien sûr, c’est le temps de l’année où la voiture s’exprime le plus.
P – Quand on est assez
chanceux pour qu’elle démarre.
E – Et même là y’a des variations dans l’agonie.
Depuis le vaillant moteur qui se dérhume comme une chèvre
( son)
Puis qui se décourage… (son)
Ou pire, le clic de la panne. Suivi de l’inévitable… « Maudit chien
blanc… »
(son Tel cellulaire…
P – le téléphone
cellulaire
B – (Bruit engagé)
E- Et quand la voiture est quand même partie,
On dirait que tous les matériaux dont elle est faite finissent par
résonner comme du carton ou du fer blanc. Et tous les défauts se font entendre.
Boîte de vitesse, servo-direction, les freins, la suspension le ventilateur…
C’est un petit récital, un concerto de ferraille et plastique.
Avec des solos chez le garagiste.
Quand il demande quel est le problème :
« Qaund j’accélère ça fait –ouiouiouioui.
Quand je tourne ça fait – croque-croque-croque
Même quand j’ouvre la radio j’entends des drôles de bruits.
Y a des gens qui chiâlent … parce qu’ils attendent dans un aéroport…
pour partir en Floride! »
P - Y a des sons plus
agréables aussi.
E - Celui du vent… quand il est
dehors et qu’on est en dedans.
Le son rassurant de la famille qui secoue ses bottes en rentrant.
Le (bruit) d’un bon bouillon chaud qui fait relaxer les épaules.
P- Le ronron du chat sur le
sofa.
B - Pour les chanceux, le crépitement d’un feu de foyer. Chez nous on a
encore mieux. Une fournaise au gaz qu’on entend très bien souffler. J’ai fait
exprès de payer moins cher pour mieux l’entendre. Quand les enfants étaient
plus petits, et qu’ils avaient de la peine à s’endormir, je leur disais d’écouter
la fournaise.
Ç’est le son d’un réacteur de
fusée dans l’espace qui les amène à des années lumières d.où ils sont. Qui les
conduit au lendemain.
P – C’est poétique.
E – Mais ça marche pas l’été.
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