XVIII
(Déja 18?)
La septième merveille de Saskatoon
D - Bonjour Éric. Vous nous
proposez aujourd’hui un commentaire sur le bilinguisme à l’aéroport de
Saskatoon… que vous qualifiez de projet du siècle… rien de moins.
E – Bonjour Doris. En effet. Nous l’avons appris dans un article de
Pascale Bouchard, lundi dernier. Et je cite :
« Selon le PDG, Stephen Maybury, des services
en français sont envisagés au cours des trois à cinq prochaines années à
l'aéroport international John G. Deifenbaker de Saskatoon. »
D - Revenons sur les faits. Les écriteaux bilingues
sont obligatoires dans les aéroports canadiens qui accueillent un million de
passagers ou plus, chaque année. C’est le cas à Saskatoon depuis 2009. soit depuis
cinq ans. Auquel il faudrait ajouter encore trois ans minimum.
E – Et
je vous le demande : Quelqu’un s’est–il tué jusqu’ici en produisant des
services en français?
D – Non
E – Alors Bravo! Restons prudents. Évitons la
précipitation. Une faute de français est si vite arrivée.
De fait. Ce qui serait plus sécuritaire serait
de compter les passagers jusqu’à 999 999. Et avant de franchir le million
commencer à balancer les gens par parachute au-dessus de Warman, par exemple.
Comme ça on respecte l’esprit de la loi.
Mais c’est mal connaître l’ambition des gens
de Saskatoon.
Il aura fallu sept ans pour creuser un tunnel
sous la Manche reliant la France et l’Angleterre.
Il aura fallu sept ans pour bâtir l’aéroport
flottant de Kansai au Japon et un pont le reliant à la terre ferme.
By Jove, À Saskatoon, en sept ans, on va
peut-être réussir à traduire des écriteaux de l’anglais vers le français.
D – Ouf!
E - Je sais c’est facile de devenir étourdi
quand on envisage des exploits semblables. On se dit mais : Qui
sommes-nous pour nous engager dans pareille aventure, humbles mortels?
D – Mais…Par où commencer?
E – J’ai examiné plusieurs chantiers
prodigieux dans l’histoire de l’humanité, pour voir s’il n’y aurait pas un
exemple susceptible de nous inspirer et nous donner confiance.
D – En avez-vous trouvé?
E- Oui. J’ai feuilleté dans les plans de la
muraille de Chine, les manuscrits des grandes pyramides, et erré dans les
descriptions des jardins suspendus de Babylone pour finalement trouver un
exploit comparable à celui qui nous intéresse.
D- Mais de quoi s’agit-il?
E- Il s’agit de la traduction des écriteaux… de
l’aéroport de Regina.
Je sais, c’est difficile à croire, mais il
semble qu’on soit arrivé à produire des écriteaux bilingues à Regina.
Je suis allé le constater en personne. Et j’ai
vu, dans un français impeccable, écrit : « Restaurant. »
D : C’est la même chose qu’en anglais.
E : Justement. S’ils s’étaient trompés
dans la traduction, je l’aurais su tout de suite!
Mais c’était juste le début; je suis allé de
merveille en émerveillement :
« Attention, plancher mouillé »,
« Contrôle des bagages », « Déchets
recyclés », « Services à la clientèle » et même :
« Avez-vous votre carte
d’embarquement? » une phrase complète, de la majuscule au point
d’interrogation!
Maintenant, je sais parce que je l’ai vu. Mais
le PDG de l’aéroport de Saskatoon, lui, il est plus fort c’est un visionnaire.
Imagine-toi,
Il a même contemplé la possibilité que des clients
(il appelle ça des clients même s’ils sont déguisés en êtres humains)… des
clients qui fréquentent l’aéroport parlent d’autres langues que l’anglais ou le
français! Moi, j’y avais pas pensé! Si ce n’était que de moi, je me serais dit
on est foutus, finis, kaput! Le plan a foiré!
Mais lui c’est pas un type ordinaire.
Et il préconise l’usage de pictogrammes! Des
petits dessins, des schémas comme ceux qu’on voit par exemple sur les portes de
toutes les salles de bain publiques du monde entier pour distinguer celles des
femmes et celles des hommes. Ou ceux qu’on voit sur la route pour désigner des
travailleurs sur le chantier
Et vous savez quoi? Il y en a des pictogrammes
à Regina! Il pourrait même emprunter ceux qui existent déjà - pour Saskatoon!
Non mais des fois je me dis qu’on est chanceux
d’avoir des Stephen Maybury en ce bas monde.
Des gens pour qui même le banal devient un
exploit!
D – Ça nous laisse le temps d’aborder autre chose.
E – Je ne sais pas pour toi, mais moi, je suis
en plein conditionnement préolympique. Je me pratique à me lever pour chanter
l’hymne national à quatre heures du matin.
D – Ben oui, avec le changement de fuseau horaire…
J’te trouve bon. Moi j’pense que je vais me contenter de la chanter en reprise.
E- Pour nous aider dans notre préparation
mentale, les publicités olympiques sont déjà sorties.
Aujourd’hui je m’arrête à la pub de l’équipe
olympique d’hiver
Hashtag nous sommes l’hiver.
Ça se passe en noir et gris. En arrière plan,
on entend, on sait pas si c’est le vent, ou un moteur à réaction. Pas une trace
de pas sur la neige. Puis tout à coup un planchiste. Qui grimpe la montagne…
sans remonte-pente.. Puis une bobeuse. Surhumaine. Elle a même pas de bas dans
ses souliers.
- D – Comme des ados qui prennent l’autobus scolaire.
Ça sourit pas, les jeux c’est pas drôle.
On entend une voix cassée, peut- être Vol de
mort :
Ceux dont le sang boue dans les veines, l’effort.
Non c’est pas la danse à St Dilon, c’est
Twilight.
Message, les Jeux c’est sérieux.
Ou comme on dit chez les Chtis…C’est :
-
D LE NOOOORD
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